Résumé
Mike Howell aime deux choses : le cannabis et, surtout, sa petite amie Phoebe. Il a même acheté une bague et veut l'épouser. Alors qu'il est à son travail dans une épicerie, une femme mystérieuse vient lui parler dans un charabia qu'il ne comprend pas. Le même soir, il surprend deux hommes qui rôdent autour de sa voiture. Il parvient, à sa grande surprise, à les éliminer. Pris de panique, il appelle Phoebe qui peine à le croire. En fait, Mike est un agent secret dormant. A cause d'un lavage de cerveau, il ne se souvenait pas de son passage chez les espions. Adrian Yates, son patron, va se charger de lui rafraîchir la mémoire...
Avis
American Ultra, c’est un peu comme regarder un Jason Bourne avec des dingues en guise d’agents secrets, le tout dans une petite ville qui semble complètement déserte, après avoir fumé un gros pétard.
Ce qui fait la singularité de ce film, c’est justement son côté complètement déjanté assumé. En effet, le film part un peu dans tous les sens. Ca explose et se bastonne de partout et de manière très violente. Il affirme complètement son côté badass ; la preuve en ait des personnages sortis tout droit de l’asile, armé de gros flingues qui canardent à tout va juste pour tuer un seul type, un agent dormant, censé être inactif (cf. l’attaque du commissariat). Même le personnage principal, Mike Howell, joué par Jesse Eisenberg, a le cerveau complètement ramolli et il semble toujours à côté de la plaque, et cela, jusqu’à la fin du film. Ce que j’approuve dans American Ultra, c’est justement qu’il n’y a pas « le moment » du réveil spontané où il devient super lucide et sauve sa belle. Non, bien au contraire, il reste à côté de ses pompes jusqu’ à la fin allant même jusqu’à faire sa demande en mariage devant tout un arsenal d’agents qui pointent leurs flingues sur lui et sa copine. Bien sûr, on apprend la raison de son état , mais cela n’enlève rien à l’aspect « what the fuck » du film dont en témoigne ce final de dingue où il part sauver sa copine Phoebe Larson (jouée par Kristen Stewart, pleine d’entrain et de bleus) en tirant des feux d’artifices sur le parking d’un hyper, à bord d’un 4x4 militaire de typer Auverland. Les scènes de combats rapprochées sont par contre à l’opposé de tout ça. Hyper chorégraphiés, ils sont aussi vifs que violents. Filmés en quelques plans, ils démontrent le super agent qui se cache à l’intérieur de Mike Howell de manière inconsciente.
Par contre, là où le film se perd, c’est dans son scénario. L’intrigue principale reste des plus flous ; pire, elle semble se contredire. L’activation de l’opération de « nettoyage » de l’agent dormant Mike Howell semble être décidée sur un coup de tête de l’agent de la CIA Adrian Yates. Ce personnage est joué par l’acteur Topher Grace. Et il semble être aussi incompétent que déterminé dans ses actions. Face à lui se trouve l’agent Victoria Lesseter, joué par l’actrice Connie Britton, un des seuls personnages à peu près normaux. Elle est la responsable du projet « Ultra » et, c’est aussi elle qui y a mis fin, voyant les dégâts qu’il occasionnait sur le cerveau des « cobayes ». Là où le film se perd, c’est dans la contradiction des opérations de la CIA qui avoue avoir abandonné le projet Ultra, mais au final, le projet Titan dont Yates a la direction, n’est qu’une reprise dissimulée du projet Ultra ; et dont les agents ne sont que ceux dont le cerveau a subi de graves lésions. Il en va de même pour les actions de leur responsable à tous les deux, l’agent Krueger qui a émis la mission de nettoyage (sans en donner l’ordre) et qui pourtant prévient de manière dissimulé, l’agent Lesseter afin qu’elle sauve l’agent Howell. Finalement tout le monde joue contre tout le monde. La CIA semble être aussi embrouillée que les armes humaines qu’elle engendre. Il n’est donc pas étonnant que tout part en vrille. Le pire, et c’est là que se trouve la contradiction, c’est que Howell ne peut pas quitter la ville car il a été conditionné dans ce sens. Il a des crises d’angoisses dès qu’il essaie et finalement, il revient chez lui. Donc, le fait de dire qu’il est devenu une menace est paradoxale. Sans compter le fait que la CIA décide d’agir maintenant alors que dans le film, le shérif nous apprend qu’il a déjà essayé plusieurs mois auparavant. On sent que le scénariste patauge un peu pour trouver une idée crédible à tous ces assauts et qu’au final, il n’avait pas besoin de trouver autant d’arguments si peu compréhensible et si peu convaincant.
Concernant les personnages et le casting du film, il est tout de même très appréciable. Le duo Stewart/Eisenberg fonctionne parfaitement et est totalement crédible. Topher Grace est à fond dans son rôle, même s’il manque un peu plus de théâtralité et d’un final plus convaincant, car on sent que le scénariste ne sait pas trop quoi faire de lui. Quant aux personnages secondaires, celui de Rose joué par John Leguizamo aurait mérité d’être plus exploité comme personnage comique, même s’il a l’air aussi barré que les agents du projet Titans. Il en va de même pour ces deux acolytes que l’on perçoit vraiment trop brièvement. Pour ce qui est des méchants, il est vraiment dommage qu’ils soient si peu exploités. Ils portent tous un nom correspondant à l’une de leur caractéristique à la manière d’un personnage de comics. On retient seulement le Rieur qui lors d’un dernier échange avec Mike Howell se livre émotionnellement, dévoilant qu’il reste encore une part d’humanité derrière ces agents plus proches des robots que des soldats.
Malgré tous ces défauts, American Ultra reste une bonne expérience cinématographique. Après tout, son réalisateur n’en est qu’à son deuxième long métrage (le premier étant Projet X). On sent clairement un potentiel latent, surtout dans les scènes d’action et les scènes dramatiques. Par contre, le film souffre sincèrement de rythme. Que ce soit les scènes de combats, où les scènes sentimentales, leur intensité est trop irrégulière ; ce qui a pour effet d’amoindrir le twist final. Pour ma part, je lui préfère largement Kingsman. Mais je ne le boude pas pour autant, surtout que la fin, très classique et sujette à polémique, peut très bien ouvrir le long métrage à une suite de bien meilleur qualité.
Réalisation : Nima Nourizadeh _ Durée : 1h36 _ Année : 2015 _ Genre : Action _ Américain.