
Il est entendu que je ne vais pas aborder le sujet polémique du reboot du plus populaire héros Marvel de tous les temps (peut-être une autre fois). Je ne vais pas non plus m’étendre sur mes impressions concernant le premier The amazing Spiderman ; mais tout de même suffisamment pour donner ma critique de ce deuxième opus.
Lorsque la date de sa sortie en France est enfin arrivée, j’étais comme un vrai gamin le jour de Noël. Les différentes bandes annonces m’avaient tellement mis l’eau à la bouche que j’étais plus qu’impatient. Je pense que l’ampleur de cette attente a aussi contribué à l’ampleur de la déception qui a suivi la fin du film.
Tout d’abord, je voudrai dire que le personnage Spiderman de ce film est, à mes yeux, le plus esthétique jamais réalisé. De la tenue en générale, en passant par les couleurs, le relief de la toile jusqu’au reflet des yeux, le personnage est tout simplement à la hauteur des plus belles illustrations jamais réalisées à son effigie. Il en est de même pour sa prestance et ses mouvements (incroyablement volatiles) dans les airs comme au bout d’une toile. Le réalisateur Marc Webb avait déjà offert une vision nouvelle des déplacements du « monte-en-l’air » lors du premier The amazing Spiderman en nous donnant le sentiment de se déplacer à sa place grâce à de superbes plans subjectifs. Cette fois, la caméra (c’est-à-dire le spectateur) l’accompagne dans ses sauts à travers les buildings. Le sentiment vertigineux est alors amplifié.
Marc Webb nous a aussi offert des moments comiques issus des comics ou illustrations, dont mon préféré est celui où il intervient dans une superette contre un braqueur alors qu’il est malade, donc couvert, sur son costume, d’un bonnet et d’une écharpe. Magnifique. Il y a encore beaucoup d’autres choses qui visuellement en font, à mon sens, le film de l’homme de l’araignée le plus abouti jusqu’à aujourd’hui. Malheureusement, ce n’est pas du tout le cas du scénario et de l’univers qu’il tente de construire.
En effet, le film souffre d’un manque flagrant de cohérence. D’un point de vue général, l’ensemble des intrigues s’imbriquent difficilement entre elles. Le long métrage est davantage construit à la manière d’un comics. On peut « lire » le film à travers des chapitres qui tentent de donner une continuité dans le temps à l’ensemble de l’histoire. Or, dans une œuvre cinématographique, il faut une idée générale dominante qui révèle le sens de chaque thème abordé. Ici, Marc Webb n’a réussi à aucun moment à relier toutes ces intriguent entre elles, brisant ainsi le rythme même du film, incommodant par la même occasion le spectateur.
De manière plus détaillée, on a la scène d’introduction (qui reprend exactement le même moment du flash-back dans le premier « amazing » mais du point de vue du père) retraçant le départ des parents de Peter. On en apprend ainsi plus sur la mort « accidentelle » de Monsieur et Madame Parker. Il y a donc un lien établi entre les deux films. La volonté de créer un lien entre la famille Parker et Oscorp se renforce davantage avec la scène du métro secret où Peter apprend le « pourquoi » de la disparition de ses parents. Ensuite vient la scène d’ouverture où Spiderman entre en action. Cette scène fait écho avec celle qui clôture le film; scène où le Rhino, en tant que super vilain, fait son apparition. Dans ce film, le personnage du Rhino est complètement inutile et sous exploité. D’ailleurs, je trouve que l’exosquelette du Rhino est totalement ridicule et hors de propos. En clair, il est juste là pour le clash des Sinister Six.

L’histoire entre Peter et Gwen s’assume complètement et les craintes du jeune homme concernant Gwen Stacy et la promesse qu’il a fait à au père de la jeune fille dans le premier opus fonctionne parfaitement. Concernant les ennemis, les choses se corsent au point d’être totalement bâclées. Prenons la naissance d’Electro : le personnage de Max Dillon est présenté rapidement par un sauvetage opéré par Spiderman. S’ensuit alors une obsession maladive pour le costumé montrant une instabilité mentale vis-à-vis d’autrui (instabilité renforcée par sa rencontre hasardeuse avec Gwen et son conflit avec son supérieur). Tout change lorsque devenu Electro, il se sent moins sous les feux des projecteurs que Spiderman (c’est l’effet Facebook ? ). Il se met à le haïr au point de vouloir le détruire. Ce changement radical de sentiment est un peu facile à mon goût. Et surtout, à aucun moment dans le film, le psyché du personnage n’est approfondi. Il est l’image type du super vilain des années 60. L’évènement qui amène sa transformation subit le même schéma simplifié. La scène des anguilles électriques est totalement téléphonée. Je veux dire qu’aujourd’hui, on attend d’un scénario qu’il nous propose des personnages avec de la profondeur, que ce soit un gentil ou un méchant, même si ce personnage ne sert, au final, qu’à combler les scènes de combats (comme c’est le cas pour le Rhino - Intro/conclusion). Et c’est fort dommage lorsqu’on voit le design magistralement réussi d’Electro. Mais ma plus grande déception reste Harry Osborn alias le Bouffon vert. Tout comme Electro, ce personnage est complètement bâclé. Voilà l’idée : Norman Osborn est mourant (c’est le seul moment où on le voit sur les deux films) et Harry Osborn (son fils placé en pensionnat) revient au chevet de son père. Ce dernier lui apprend que tout son travail était destiné à trouver une solution à sa maladie héréditaire. Harry comprend qu’il est donc lui aussi condamné. Il revoit Peter : « Cool ça va ? » « Ouais et toi ? ». Harry hérite aussi d’Oscorp. Il comprend qu’il lui faut le sang de Spiderman pour guérir. « Non ? » « Ok ! Alors je vais tuer Spiderman !! » Voilà pour Harry Osborn. Et c’est encore plus expéditif pour sa transformation en Bouffon vert. Il finit par s’injecter du venin d’araignée (celui qui a transformé Peter) et subissant les effets secondaires, il se dirige sans raison préalable vert la tenue de combat qui s’apparente au costume du bouffon. Puis on le revoit pour l’affrontement final contre Spiderman. Et BAM !!! Présentation express, passons à l’opus 3 !! Ce personnage, l’un des plus importants de la saga et du comics, aurait mérité d’être approfondi sur de nombreux points comme sa relation avec son père avant son agonie, son amitié avec Peter, sa découverte d’Oscorp et ses secrets etc… Il s’agit tout de même de celui qui semblera être le chef des Sinister Six. Le seul point réellement positif se trouve dans son aspect. Le rendu visuel est parfaitement proche de son nom de super vilain, en fait du nom original, The green Goblin. Très loin du vilain masqué du comic et méchant du film de Sam Raimi joué par William Dafoe.
Pour finir, le passage le plus important, surtout le plus percutant visuellement et émotionnellement, (attention spoiler) est celui de la mort de Gwen Stacy. Ce final est tout simplement magistral. La chute de Gwen, la tentative de Spiderman pour la rattraper et le bouffon qui ne cesse d’attaquer, tout ça en fait vraiment le meilleur moment du film. La tension est à son comble, les ralentis sont à couper le souffle (je pense à la toile en forme de main ou encore le reflet de la jeune fille dans l’oeil de Spiderman) et le choc final du corps qui frappe le sol. Je me souviens du silence dans la salle. Vraiment très fort.
Pour conclure, The amazing Spiderman 2 est une grande déception, là-dessus, je suis clair. Et pourtant, je ne peux pas le rejeter complètement car il regorge vraiment de bonnes idées. Malheureusement, Sony a clairement démontré qu’il s’agissait d’un long métrage tout public (avec quelques clins d’œil, histoire de rassurer les fans de la première heure). Il est évident, aussi, que le studio gonfle ses films de super vilains pour rapidement exploiter le filon Sinister Six. Sur ce point, il ne se gêne pas pour empiéter sur la qualité du scénario (on pense encore à Spiderman 3 de Sam Raimi). Bien que le personnage de Spiderman soit le meilleur jamais réalisé, ce film n’en ai pas moins l’un des plus mauvais. Espérons que les prochains relèveront le niveau.

Réalisateur : Marc Webb _ Durée : 2h16 _ Genre : Super-Héros _ EU